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Liepman Literary Agency
Marc Koralnik |
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| French | |
L'AMOUR SANS VISAGE
Hélène Waysbord est née à Argenteuil de parents militants communistes juifs originaires de Kojenice en Pologne. Arrêtés successivement en 1942 et 1943, ils sont déportés vers Drancy, Beaune-la-Rolande puis Auschwitz. Hélène Waysbord est quant à elle recueillie par un artisan dans un village de la Mayenne et sa famille. À leurs côtés, elle a grandi dans l'anonymat, élevée comme une petite catholique. Plus tard, elle a fait des études de Lettres classiques, obtenu l'agrégation et enseigné. En 1969, elle a rencontré François Mitterrand, à qui elle s'est très vite liée d'amitié. Elle a alors concentré sa carrière autour de l'éducation et de la culture. Conseiller à l'Elysée pour les grands projets dont La Villette, le Grand Louvre, le Musée d'Orsay, et l'Opéra Bastille, elle a aussi assuré le secrétariat des Universités nouvelles d'Ile de France entre 1990 et 1992 (Versailles, Cergy Pontoise, Marne la Vallée,) dans le cadre du plan Université 2000. Elle préside aujourd'hui l'association de la Maison d'Izieu. L'Amour sans visage est son premier ouvrage de fiction. L'AMOUR SANS VISAGE Hélène Waysbord a cinq ans lorsqu'à l'automne 1942 ses parents, juifs et communistes, sont arrêtés, pour être déportés à Auschwitz quelques mois plus tard. L'enfant échappe à la Gestapo et sera finalement recueillie par une famille en Mayenne. À mesure que s'organise le silence sur le sort de ses parents ils sont partis en voyage, lui dit-on -, c'est une autre petite fille qui apprend à vivre à Evron jusqu'en 1945. Plus de soixante ans après, l'auteur entreprend de dénouer par l'écriture ce traumatisme ineffaçable et pourtant « sans visage », dépourvu de souvenirs précis. A tâtons, « sans carte ni boussole », Hélène Waysbord fait ainsi retour sur un passé assez lointain pour qu'il n'ait pas laissé d'images stables, de visages aux contours définis. Le texte s'érige dès lors en une « cartographie du manque » nécessairement floue, « tremblée » et appuyée sur une part de fiction, là où la mémoire ou les traces écrites fond défaut. Deux scènes fondamentales, sans cesse remémorées, agissent comme des points d'ancrage de la mémoire et des émotions : le parvis déserté de l'école primaire - le père qui l'y attend chaque jour n'est pas là-, et peu après, une main tendue à Montparnasse, celle de l'homme qui vient la recueillir. A peine entamée, une vie s'est évanouie, tandis que déjà une autre doit commencer, sur les décombres de « l'autre enfant », du « double décalé, perdu ». L'Amour sans visage s'ouvre donc sur le récit de cette petite enfance recommencée, dans un village isolé de l'Ouest. Plus que de souvenirs nets, il s'agit là de sensations, de craintes et de joies diffuses : la cave obscure où il faut aller chercher le vin, le « trajet de gel » jusqu'à l'école pendant le long hiver 43 ou « les couleurs en fête » de l'été 45 Mais toujours ce silence à l'évocation de ses parents. « Devenir réelle, comment ? » : l'absence des parents, l'ensevelissement des premières années passées sous silence, tout cela pose résolument un problème lié à l'être, à l'identité profonde. Revenant sur ce manque originel, le je vacille. Si elle se considère « sans lieu où [se] penser sinon l'absence », la narratrice part malgré tout sur les traces de son passé : du village mayennais à la rue de Belleville à Paris, et jusqu'à Birkenau. Faisant tout ressurgir, l'histoire brasse également d'autres figures rencontrées au fil du temps, visages amis parmi lesquels se distingue celui de François Mitterrand, dont Hélène Waysbord fut la collaboratrice à l'Elysée, en tant que chargée des Grands Projets culturels. Portraits de proches, bribes de ces années en politique, de rencontres amoureuses ou d'errances parisiennes, autant de pièces du miroir brisé que constitue le texte. Organisé en chapitres (« Exil », « L'éternité », « Dernier Hiver » ) comme les étapes de la vie de l'auteur et du travail de mémoire, le récit est toutefois traversé de nombreuses réminiscences, d'ellipses : sa structure souple, évoquant « celle d'un manège où tout tourbillonne », selon Jean-Christophe Bailly dans l'avant-propos, s'adapte aux errements du ressouvenir. Et afin de pallier l'indicible, ce passé contre lequel la langue bute et « n'est plus que manque, un trou noir », Hélène Waysbord forge un style souvent proche de la poésie en prose, elle instaure un rythme particulier, fait de brefs paragraphes, comme une palpitation. C'est enfin une mémoire fragmentaire et personnelle de la Shoah qui se recompose ici, notamment par les récits d'une amie ayant survécu aux camps, par la description des procès de Klaus Barbie, et surtout grâce aux lettres du père envoyées depuis les camps de transit. Publiée à la suite de l'Amour sans visage, cette correspondance offre le témoignage particulièrement bouleversant d'une vie « presqu'animale » dans le camp et malgré tout d'un courage infaillible, et ce jusqu'à la dernière lettre, écrite la veille du départ pour la Pologne. Le visage du père, image retrouvée par la pensée, clôt le récit. Cette traversée de la mémoire endolorie n'a pas été vaine et le travail d'écriture, s'imposant a posteriori comme une évidente planche de salut, aura permis de délivrer de la culpabilité et de retenir la mémoire : « J'accepte enfin d'avoir été épargnée, je les bénis de la force qu'ils ont su me donner, pour résister, pour vivre. [ ] La vie se retirait jusqu'au jour où [je l'ai] retenue d'un trait de crayon. »
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Published 2013-05-01 by Christian Bougois Editeur |